En France, les maternités précoces restent peu nombreuses. Elles ne représentent que 2 % des naissances. Cet état de fait s’explique par une bonne accessibilité aux moyens de contraception, mais également par le recul de l’âge des femmes au premier enfant. Chaque année, des centaines d’adolescentes deviennent toutefois mères. Mais qu’est-ce qu’une grossesse précoce ? Et peut-elle engendrer des complications chez les jeunes filles et leurs futurs bébés ? Faisons le point sur ces questions.
Qu’est-ce qu’une grossesse précoce ?
Une grossesse précoce désigne une grossesse survenant chez des jeunes filles mineures (âgées de moins de 18 ans). Selon les cas, cette expression peut également s’appliquer à des femmes de moins de 20 ans.
À partir de la puberté, le corps des adolescentes subit des transformations et des changements hormonaux contribuant au développement des organes reproducteurs. Les jeunes filles en âge de procréer ne sont toutefois pas toujours prêtes à porter un enfant et à devenir mères. C’est pour cette raison que l’on parle de « grossesse précoce ».
Quelles sont les causes d’une grossesse pour les jeunes filles ?
Les causes d’une grossesse pour les jeunes filles varient en fonction du pays dans lequel elles résident ainsi que de leur contexte socioculturel. En France, les adolescentes tombent généralement enceintes en raison :
- D’une méthode de contraception non adaptée (par exemple une pilule prescrite d’office qui est souvent oubliée) ;
- D’une certaine prise de risque de la part des filles et des garçons (qui pensent notamment que la méthode du retrait est efficace) ;
- De violences sexuelles.
Quels sont les risques d’une grossesse précoce ?
Une grossesse précoce n’est théoriquement pas plus risquée qu’une autre. Contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, les complications enregistrées par les médecins ne résultent pas de la jeunesse du corps de l’adolescente. Elles découlent du contexte socio-économique et de la maturité psychique de la future maman.
Pour la jeune maman
La grossesse d’une adolescente peut être considérée comme à risque si elle est découverte tardivement, volontairement ignorée ou tout simplement non détectée. Dans ces trois cas, le suivi se montrera insuffisant et les jeunes filles ne pourront ni réaliser les examens de dépistage obligatoires ni bénéficier des conseils d’un professionnel de santé.
Elles pourront donc souffrir de déficits nutritionnels, d’une prise de poids excessive ou d’une anémie par carence en fer. Les comportements à risque de certaines adolescentes empirent souvent la situation. Fort heureusement, la grossesse d’une jeune fille en bonne santé et consciente de sa future maternité peut très bien se dérouler !
Pour le bébé
Une jeune maman ne bénéficiant pas de soins prénataux et adoptant une conduite à risque (tabac, drogue, alcool, mauvaise alimentation, etc.) expose son bébé à diverses complications. Les principaux problèmes observés par le corps médical sont :
- De nombreux cas de prématurité ;
- Des nouveau-nés souffrant d’hypotrophie (enfants dont le poids est très faible) ;
- Des retards de croissance intra-utérins et des risques de malformations plus élevés.
Comment se déroulent le suivi médical et l’accouchement d’une grossesse précoce ?
Le suivi médical d’une grossesse précoce se déroule de la même manière que pour une grossesse classique. La future maman devra se rendre aux sept consultations obligatoires chez un gynécologue ou une sage-femme. Elle effectuera également divers examens médicaux tels que des analyses de sang et des échographies.
L’accouchement d’une adolescente enceinte est quant à lui réputé sans risque si la gestation s’est passée normalement. Il ne se montrera pas plus difficile, excepté pour les jeunes filles dont le bassin est encore en cours de formation. Dans ce cas, l’équipe médicale pourra utiliser un forceps ou recourir à une césarienne.
Être une jeune fille enceinte : une grossesse précoce difficile
Devenir mère à l’adolescence peut se révéler difficile. En effet, la jeune maman va devoir gérer son nouveau rôle tout en continuant sa vie d’adolescente. Et elle devra parfois affronter le regard des autres face à cette grossesse précoce.
Le rôle de mère et la vie d’adolescente
Psychologiquement parlant, une grossesse précoce peut se révéler très déstabilisante. L’adolescence est parfois synonyme de mal-être et de grandes remises en question. La maternité constitue pour sa part un véritable bouleversement identitaire.
Une très jeune maman pourra donc éprouver des difficultés à gérer sa vie d’adolescente et son rôle de mère. Poursuivre sa scolarité sera inévitablement compliqué, sauf si elle reçoit de l’aide de la part de sa famille (parents ou grands-parents).
Une adolescente ou une jeune femme ayant récemment accouché d’un enfant pourra tout aussi bien s’épanouir. Et d’autant plus si la grossesse était désirée, si elle est en couple ou si elle est bien entourée.
Affronter le jugement du cercle social et de la société
Une grossesse précoce est très souvent sujette aux jugements du cercle social de la jeune maman, mais aussi de la société en général. De nombreuses adolescentes témoignent du manque de bienveillance dont elles font l’objet. Certaines rapportent qu’elles se sont fait insulter dans la rue ou que leur médecin les a regardées avec pitié lorsqu’il a diagnostiqué leur grossesse. D’autres sont même rejetées par leur famille et sont contraintes de quitter la maison.
Cette vision négative de la mère adolescente trouve son origine dans l’existence d’une norme relative à un âge idéal de procréation. On entend souvent qu’il faut avoir terminé ses études, être en couple ou mariée et être âgée de moins de 35 ans pour avoir un enfant. Les jeunes filles de moins de 20 ans sont ainsi jugées au même titre que les femmes de 35 ans qui n’ont pas encore de bébé.
Il n’y a toutefois pas de règles pour être enceinte ! Chaque femme est maîtresse de ses propres choix et peut accueillir un enfant dans sa vie du moment qu’elle se sent prête.
Chiffres sur la grossesse précoce en France et dans le monde
Le nombre de grossesses précoces a nettement diminué depuis une trentaine d’années en France. En 2018, l’Insee a estimé à environ 2 % le nombre de nouveau-nés dont la mère est née après 1998. Cet institut a toutefois remarqué que les naissances précoces étaient plus nombreuses dans le nord de l’Hexagone et dans les départements d’outre-mer. En Guyane, leur taux s’élevait par exemple à 10,2 %. Dans l’Aisne et la Nièvre, leur pourcentage atteignait les 3,2 %.
En 2019, l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) a réalisé une enquête sur la grossesse chez les adolescentes des pays à revenu faible ou intermédiaire (PRFI). On y découvre que 21 millions de jeunes filles de 15 à 19 ans attendent un enfant chaque année et que 50 % de ces maternités ne sont pas voulues. Sur toutes ces grossesses précoces, 12 millions arriveront à terme.
La FAQ de la grossesse précoce
Comment éviter une grossesse précoce en milieu scolaire ?
Pour éviter une grossesse précoce en milieu scolaire, il est essentiel de mettre en place des stratégies de prévention. Il faut éduquer les élèves à la sexualité et les sensibiliser à l’importance des moyens de contraception.
Quels sont les signes d’une grossesse précoce ?
Une grossesse chez l’adolescente présente les mêmes signes qu’une grossesse ordinaire : retard de règles, nausées, tensions au niveau des seins, fatigue chronique, etc.
Que faire en cas de grossesse précoce non désirée ?
Les jeunes femmes confrontées à une grossesse précoce non désirée peuvent recourir à une interruption volontaire de grossesse (IVG) jusqu’à 16 semaines d’aménorrhée. Elles restent libres d’en parler avec leur entourage et de prendre rendez-vous avec un médecin ou un gynécologue. Elles ont également la possibilité de se rendre au planning familial qui respectera leur anonymat.